Les voyages du capitaine Cook – Jules Verne (extrait)
Le 7 juillet, on commença les préparatifs du départ. En peu de temps, les portes et les palissades de la forteresse furent démontées, les murailles abattues.
C’est à ce moment qu’un des naturels, qui avaient le plus familièrement reçu les Européens, vint à bord de l’Endeavour avec un jeune garçon de treize ans qui lui servait de domestique. Il avait nom Tupia. Autrefois premier ministre de la reine Oberea, il était alors un des prêtres principaux de Taïti. Il demanda à partir pour l’Angleterre. Plusieurs raisons décidèrent Cook à le prendre à bord, Très au courant de tout ce qui regardait Taïti, par la haute situation qu’il avait occupée, par les fonctions qu’il remplissait encore, cet indigène était en état de donner les renseignements les plus circonstanciés sur ses compatriotes, en même temps qu’il pourrait initier ceux-ci à la civilisation européenne. Enfin, il avait visité les îles voisines et connaissait parfaitement la navigation de ces parages.
Le 13 juillet, il y eut foule à bord de l’Endeavour. Les naturels venaient prendre congé de leurs amis les Anglais et de leur compatriote Tupia. Les uns, pénétrés d’une douleur modeste et silencieuse, versaient des larmes; les autres semblaient, au contraire, se disputer à qui pousserait les plus grands cris, mais il y avait dans leurs démonstrations moins de véritable douleur que d’affectation.
Dans le voisinage immédiat de Taïti se trouvaient, au dire de Tupia, quatre îles : Huaheine, Ulietea, Otaha et Bolabola, où il serait facile de se procurer des cochons, des volailles et d’autres rafraîchissements qui avaient un peu fait défaut pendant la dernière partie du séjour à Matavaï. Cependant, Cook préférait visiter une petite île appelée Tethuroa, placée à huit lieues dans le nord de Taïti; mais les indigènes n’y avaient pas d’établissement fixe. Aussi jugea-t-on inutile de s’y arrêter.
Lorsqu’on fut en vue d’Huaheine, des pirogues s’approchèrent de l’Endeavour, et ce fut seulement après avoir vu Tupia, que les naturels consentirent à monter à bord. Le roi Orée, qui se trouvait au nombre des passagers, fut frappé de surprise à la vue de tout ce que contenait le vaisseau. Bientôt calmé par l’accueil amical des Anglais, il se familiarisa au point de vouloir changer de nom avec Cook ; pendant tout le temps de la relâche, il ne s’appela que Cookée et ne désignait le commandant que sous son propre nom. L’ancre tomba dans un beau havre, et l’état-major débarqua aussitôt. Mêmes mœurs, même langage, mêmes productions qu’à Taïti.
A sept ou huit lieues dans le sud-ouest, se trouve Ulietea. Cook y descendit également, et prit solennellement possession de cette île et de ses trois voisines. En même temps, il mit à profit son séjour en procédant au relevé hydrographique des côtes, pendant qu’on aveuglait une voie d’eau qui s’était déclarée sous la sainte barbe de l’Endeavour. Puis, après avoir reconnu quelques autres petites îles, il donna au groupe tout entier le nom d’îles de la Société.
Titre : Les voyages du capitaine Cook
Auteur : Jules Verne
Extraits de la page 117 à 118
Lien : https://mediatheque- polynesie.org/index.php/2016/ 03/10/les-voyages-du- capitaine-cook-1896/
Auteur : Jules Verne
Extraits de la page 117 à 118
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